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Jean-Philippe DUPEYRON
Directeur des affaires économiques
Cloé SARRABIA
Conjoncture
Sylvain SIMÉON
Collectivités locales
Louis TISSIER
Aménagement du territoire, transition écologique
Contactez-nous : data@fntp.fr
L’artificialisation des sols désigne la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier entraînant un changement de structure et d’usage au sol. La loi « Climat et résilience » la définit comme « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage ». Elle traduit donc la perte de la fonction naturelle d’un sol. Aujourd’hui, en raison de la difficulté à mesurer l’artificialisation, au sens de sa définition, ce sont les données sur la consommation d’espaces qui sont principalement utilisées pour suivre son évolution. Cette notion fait référence à la conversion d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) en espaces urbanisés.
Entre 2009 et 2020, plus de 286 000 hectares (ha) d’espaces ont été consommés en France, soit en moyenne 22 000 ha par an. A l’échelle locale, toutes les régions ont connu une baisse de la consommation annuelle d’espaces en 2020 par rapport à 2009 (cf. Figure 1). Toutefois, afin de pouvoir effectuer des comparaisons il est essentiel de tenir compte des spécificités régionales, notamment en matière de superficie. Le rapport entre le nombre d’hectares consommés et la superficie de la région est un bon indicateur. En 2020, 8 régions métropolitaines affichent un taux d’espaces consommés égal ou supérieur à 0,5% (moyenne nationale). On observe que les 6 régions les plus consommatrices d’espaces sont responsables de près de deux tiers de la consommation totale.
Source : d’après le Portail de l’artificialisation des sols - Cerema
Code couleur : Bleu clair – régions les plus consommatrices d’espaces, Orange – régions pour lesquelles la baisse de la consommation annuelle en 2020 par rapport à 2009 est inférieure à la moyenne nationale, Bleu foncé – régions pour lesquelles le taux d’espaces consommés est égal ou supérieur à la moyenne nationale.
La transformation des espaces naturels porte atteinte à l’environnement. C’est une conséquence inévitable de l’étalement urbain, se traduisant par un fort degré d’imperméabilisation et de perturbation des sols, qui à leur tour sont à l’origine de nombreux impacts environnementaux. Dans un contexte démographique croissant, et des préférences pour l’habitat individuel, la maîtrise de l’urbanisation devient nécessaire. Il s’agit de repenser l’aménagement du territoire pour le rendre compatible avec les enjeux environnementaux. La réutilisation du foncier déjà artificialisé, notamment des sites en friches, est l’un des leviers à activer pour lutter contre l’artificialisation des sols. Une friche est un espace qui a perdu sa fonction d’origine et qui se trouve vacant, voire dans un état d’abandon. En France, on estime la surface occupée par les friches entre 90 000 et 150 000 hectares. Leur reconversion présente de nombreux avantages environnementales, économiques, mais aussi sanitaires.
Dans une étude réalisée par le cabinet de conseil Carbone 4, deux scénarios d’évolution, cohérents avec les objectifs nationaux, ont été imaginés. Le premier scénario, dit « sobriété », stipule une diminution de la consommation de nouveaux espaces naturels ou agricoles. L’objectif de diviser par deux le rythme de consommation des sols à horizon 2030 est atteint et même dépassé. Dans le deuxième, dit « pro-techno », cet objectif est atteint principalement par une modification des pratiques, entre autres la réutilisation du bâti existant, dont le recyclage de friches et la densification des nouvelles constructions. Dans les deux scénarios l’objectif de zéro artificialisation nette est atteint en 2050 avec entre 80 000 et 115 000 ha de friches recyclés. La réhabilitation de ces friches mobilise entre autres, des activités de déconstruction, de dépollution, de traitement, de reconstruction des sols. Compte tenu d’un coût moyen pour réhabiliter un hectare de friche proche de 900 000 euros (ADEME), l’investissement à allouer à la réhabilitation des friches sur la période 2021 – 2050 se situe entre 77 Md€ et 106 Md€, soit entre 2,6 Md€ et 3,5 Md€ annuels moyens additionnels.
Dans la pratique, une difficulté majeure du recyclage foncier est celle du recensement des sites potentiellement en friche, notamment leur identification et leur classification. De plus, la reconversion peut être un processus long, comportant différentes étapes et faisant intervenir divers acteurs. De l’acquisition du terrain, en passant par la dépollution du site, le cas échéant, jusqu’à l’aménagement et la promotion du projet, plusieurs années peuvent s’écouler avant qu’un projet voie le jour. Aux complexités juridiques s’ajoute la dimension financière, puisque la réhabilitation d’une friche peut s’avérer coûteuse. Il se peut alors qu’une opération d’extension urbaine semble au premier abord plus intéressante sur le plan économique.
La dépollution des sols est une étape indispensable, mais aussi onéreuse. La prise en compte du niveau de pollution d’une friche et par conséquent le besoin de la dépolluer dépendent de son usage futur. Le niveau d’exigence ne sera pas le même dans le cas où le terrain réhabilité est destiné à l’installation d’un parc photovoltaïque, par exemple, que lorsqu’il est prévu pour la construction des logements. Les techniques sont aussi très diverses et le choix dépend du niveau de pollution, de la nature du sol et des contraintes du site en question. Les coûts de dépollution sont par ailleurs conséquents et peuvent représenter jusqu’à 25% du surcoût par rapport au prix d’acquisition du foncier et environ 15% par rapport aux dépenses d’aménagement.
Malgré les complexités juridiques et financières, la reconversion des friches possède un avantage environnemental et sanitaire par rapport à une opération d’extension urbaine. Il est démontré que les bénéfices en matière de limitation de l’étalement urbain, de valorisation du foncier et de préservation de la capacité des sols à stocker du carbone peuvent aller jusqu’à compenser les surcoûts de la réhabilitation. Une fois réhabilitées, les friches peuvent être destinées à plusieurs usages. C’est d’ailleurs grâce à l’aménagement d’un équipement que les coûts peuvent être aussi amortis. Les types de projets pouvant être réalisés concernent entre autres : des logements, des services et équipements publics, des commerces et activités de loisir, des parcs urbains, des parcs photovoltaïques, etc.
Le secteur des Travaux Publics est un acteur clé dans la réhabilitation des friches. Les entreprises du secteur interviennent essentiellement pendant la phase de requalification, à travers des travaux de terrassement et de dépollution des sols. La dépollution des sols étant une étape indispensable, le rôle des entreprises devient lui aussi essentiel. Elles participent également lors de la phase d’aménagement nécessitant généralement des travaux dans de nombreuses spécialités : route, canalisations diverses, électricité, etc. Face aux enjeux de lutte contre l’artificialisation dans un contexte démographique croissant, et des besoins accrus en logement, le recyclage des friches fait partie intégrante de la réponse. Les entreprises du secteur possèdent des atouts et ont de nombreuses opportunités pour se positionner ou renforcer leur place sur ce marché.
Afin de s’aligner sur la trajectoire de zéro artificialisation nette à horizon 2050, la façon d’aménager nos territoires doit évoluer. A plus court terme, d’ici 2030, le rythme de consommation d’espaces devra être divisé par deux, par rapport à la décennie précédente. Dans ce contexte, la surface de friches à recycler, à horizon 2050, est estimée entre 80 000 et 115 000 hectares. L’essentiel des travaux doit être réalisé avant 2035. Selon la complexité de l’opération, le degré de pollution présente et l’usage envisagé pour la friche réhabilitée, les coûts de reconversion peuvent être plus ou moins importants. L’investissement total nécessaire pour réhabiliter cette surface de friches se chiffre entre 77 Md€ et 106 Md€, soit un montant annuel moyen additionnel de l’ordre de 2,6 Md€ à 3,5 Md€. Le recyclage des friches constitue un marché d’avenir, attractif pour le secteur des Travaux Publics, mais aussi indispensable pour accompagner la France dans la lutte contre l’artificialisation des sols.
Jean-Philippe DUPEYRON
Directeur des affaires économiques
Cloé SARRABIA
Conjoncture
Sylvain SIMÉON
Collectivités locales
Louis TISSIER
Aménagement du territoire, transition écologique
Contactez-nous : data@fntp.fr