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La France est une grande puissance économique et politique. C’est un pays dont la richesse et le rayonnement plongent leurs racines dans l’Histoire : les territoires et les paysages français portent une marque profonde de cette œuvre humaine et toute une partie de l’identité de la France renvoie à cette patiente construction du pays, ses équipements, son industrie, ses valeurs, génération après génération. Mais c’est un pays qui traverse aujourd’hui une période délicate de son histoire collective : le pays n’a jamais été aussi riche, sa jeunesse n’a jamais été aussi formée, sa société n’a jamais été autant organisée mais ses cadres et ses institutions semblent aujourd’hui en crise. Comme une métamorphose à engager mais qui tarde à se faire : une difficulté collective à passer à l’action, qu’il s’agisse de créer des entreprises ou mener des projets d’aménagement et qui se traduit par la menace d’un déclassement progressif du pays à l’échelle internationale. Il n’y a rien de rédhibitoire à cela, précisément parce que les atouts sur lesquels la France et les Français peuvent compter sont très nombreux, mais cela impacte la capacité à engager des investissements stratégiques et surtout à conduire les travaux faute de légitimité pour les porter : on ne compte plus les chantiers de toutes tailles arrêtés ou reportés. Cela fragilise le secteur des travaux publics. Au delà des enjeux économiques propres à la filière, c’est surtout un problème pour le pays car ce secteur est au carrefour d’enjeux stratégiques : enjeu d’attractivité économique, enjeu de durabilité du développement, enjeu d’aménagement du territoire…
C’est pour approfondir ces différents sujets que la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) est allée à la rencontre des Français en 2017. Menées pour partie en parallèle des Assises de la mobilité, ces réunions « grand public » ont rassemblé des publics nombreux (plus de 2500 participants au total) et variés : un travail spécifique a été mené pour inviter tous types de personnes, avec une attention aux jeunes, aux classes populaires, aux chefs d’entreprises, à tous ceux qui ne participent habituellement pas à ces rencontres et associant y compris des opposants identifiés. Elles ont prouvé qu’il était possible, sur ce terrain a priori très sensible politiquement, de mener des débats constructifs respectant les points de vue de chacun. Loin du pays résigné et fermé au changement que les médias dépeignent au quotidien, les très nombreux Français rencontrés sont tournés vers l’avenir ! Ils aspirent à mener un dialogue serein, utile au développement du pays et déplorent que les espaces manquent pour avoir ce genre d’échanges ouverts et constructifs. C’est ainsi que ces débats menés pendant plusieurs mois au contact des territoires les plus variés et de tous ceux qui y vivent ont fournis des enseignements très qualitatifs et particulièrement intéressants sur ce qui sous-tend la façon que les Français ont de voir l’équipement et l’aménagement du pays.
Le premier constat que l’on peut tirer de ces rencontres est que, à l’heure du numérique, les infrastructures sont un sujet qui intéresse toujours les Français : où que l’on soit dans le pays, à Aix, Caen, Strasbourg, Amiens, Verdun, Saint-Etienne, Montauban, Angers, etc., les habitants et acteurs locaux sont venus nombreux. Ils font clairement des infrastructures un sujet stratégique pour l’avenir du pays. Ils disent : les voies ferrés, autoroutes, TGV, aéroports ont modelé nos paysages, permis les équilibres entre les territoires, garanti la compétitivité du pays. S’ils mentionnent tout cela, ce n’est pas un constat figé. Les participants aux rencontres identifient de nouveaux besoins pour le XXIe siècle, à la fois de nouveaux types d’infrastructures (comme la fibre ou la 4G) et de nouveaux besoins pour les infrastructures existantes (les nouvelles logiques économiques et territoriales qui s’esquissent pour les prochaines décennies vont amener des déplacements de population et de nouveaux besoins d’aménagements). Constatant que rien n’est dit ni fait sur le sujet, ils s’inquiètent du pays que nous sommes en train de construire pour nos enfants.
Le second constat issu de ces rencontres et que l’on a pu vérifier soir après soir, c’est que les mêmes types de questions se posent, partout dans les mêmes termes, que l’on soit à Vannes, Paris, Besançon ou Agen.
Si l’on se concentre pour finir sur les enseignements de ces rencontres d’un strict point de vue économique, deux enjeux émergent.
Ce que ces débats sur les infrastructures montrent, c’est en fait que les dynamiques différenciées des territoires nationaux se nourrissent à la même source et s’inscrivent dans un même horizon politique et économique. Pour le développement de la France, de ses entreprises, de l’emploi, pour mieux vivre ensemble dans les territoires, l’enjeu n’est pas de fragmenter le pays en spécialisant les besoins de chaque zone ou chaque pôle, en séparant et segmentant les populations à grand renfort de typologies hâtives. L’enjeu est d’identifier, analyser et expérimenter des leviers actifs de co-développement dans un système territorial français et européen en profonde évolution. C’est de cela qu’il est question quand on parle d’infrastructures. Notre territoire et notre pays sont en pleine mutation, à travers les territoires où l’on vit, les lieux que l’on fréquente, leur équipement, l’attention dont ils bénéficient dans les politiques publiques ou les médias, c’est un peu de la place de chacun dans le récit de la France qui se joue. Ces questions renvoient donc à des enjeux économiques et budgétaires évidents. Elles ont aussi des échos directs et très puissants dans le contrat social et politique du pays : les infrastructures sont avant tout un enjeu démocratique.