Bruno Cavagné - Nos territoires brûlent

Bruno Cavagné publie, le 24 octobre 2019, son premier ouvrage intitulé « Nos territoires brûlent », aux éditions du Cherche Midi. Depuis de trop longues années, l’État s’est désengagé des territoires et a laissé la France se dévitaliser lentement. L’effet de ruissellement que devait entraîner la croissance des métropoles n’a pas été au rendez-vous. Les métropoles s’asphyxient et la ruralité s’essouffle. Aujourd’hui, nos territoires brûlent et loin des métropoles le sentiment d’oubli est profond. Il paraît désormais à peu près certain que la redistribution ne pourra être la seule réponse à ce sentiment légitime. À travers cet ouvrage, Bruno Cavagné dresse ainsi les chemins d’une égalité des chances territoriales, d’une France où la mobilité ne sera plus subie mais choisie. Pour y parvenir, il faudra de l’audace, du courage mais les solutions sont à portée de mains, il est encore temps.

La France souffre d’un abandon de ses territoires

L’auteur dresse le portrait d’une France qui va mal, de ces territoires délaissés au profit des grandes métropoles dynamiques. La pensée dominante a longtemps cru, à tort, que la métropolisation allait entraîner, dans son sillage, l’ensemble des territoires ou, à défaut, on se bornerait à faire de la redistribution et des transferts sociaux.

L’ouvrage met en lumière les trois idées fausses que véhiculent le phénomène du « tout métropole ». D’abord, la métropolisation fonctionnerait partout. En réalité, il faut regarder au cas par cas, en fonction des spécificités. Ensuite, elle aurait un effet de ruissellement sur le reste des territoires. Cet effet est très incertain et hétérogène. Enfin, elle serait inéluctable, inexorable. Or, ce n’est plus nécessairement vrai dans l’économie digitale.

L’autre explication de l’abandon des territoires est le désengagement progressif de l’Etat, ce retrait n’ayant pas toujours été compensé par la décentralisation. « Ces territoires oubliés de la République, c’est la France des « moins » : moins de services, moins d’emplois, moins d’infrastructures, moins d’accès aux soins, moins de réussite scolaire », affirme Bruno Cavagné. 

Pour une égalité des chances territoriales

Alors que notre relation à l’espace et aux territoires connaît une profonde transformation, l’auteur plaide en faveur d’un changement de paradigme. Les conditions sont réunies pour opérer cette bascule : les aspirations des Français, en particulier celle des jeunes générations, les nouveaux rapports au travail grâce au digital, la conscience nouvelle des entreprises sur leur responsabilité territoriale.

Pour regénérer le pacte républicain, Bruno Cavagné a la conviction qu’il faut restaurer une égalité des chances territoriales. La France étant l’un des pays les plus redistributifs au monde, l’enjeu est de s’attaquer aux inégalités primaires en assurant à chaque citoyen français, où qu’il naisse, certains fondamentaux : l’accès aux services et à la santé, la couverture numérique (mi-2018, la moitié des Français n’avait pas accès au haut débit) et la mobilité, etc.  

Trois Pactes pour recoudre la France

Du constat aux solutions, Bruno Cavagné suggère l’instauration de trois pactes pour réparer cette France fracturée.

·       Un Pacte girondin : décentraliser pour libérer l’initiative locale. L’auteur propose d’aller beaucoup plus loin que la simple expérimentation en créant un droit territorialement différencié. Il s’agirait de définir, pour certains domaines du droit (environnement, marchés publics, fonction publique, etc.), un socle de normes fondamentales, indérogeables, d’ordre public, s’appliquant dans les territoires, et d’attribuer une valeur supplétive aux autres règles, pour permettre aux élus d’adapter le droit à la réalité des territoires.

·       Un Pacte européen : autoriser l’avenir. Bruno Cavagné suggère de sortir certains types d’investissements d’intérêt général européen de l’appréciation du déficit et de la dette : ceux liées à la transition écologique et aux projets d’interconnexion européenne.

·       Un Pacte entre les générations : investir dans les territoires. Bruno Cavagné appelle à un plan d’investissement (mobilité, numérique, santé, formation, services) pour préparer l’avenir des jeunes générations en contrepartie d’un effort d’allongement de la durée d’activité.

Bruno Cavagné, 56 ans, est le président de la Fédération nationale des travaux publics depuis 2013. Il dirige à Toulouse la PME familiale Giesper. Membre du bureau du Medef et du Conseil économique, social et environnemental, il a été nommé en 2017 par le gouvernement vice président du Conseil d’orientation des infrastructures.