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Les métiers des travaux publics et du gros œuvre sont particulièrement exposés au risque de heurt engin-piéton. Différents facteurs, tels que la coactivité, les angles morts, ou encore une vitesse excessive peuvent provoquer ces accidents. Avec entre 10 et 20 accidents du travail graves ou mortels chaque année, les heurts engin-piéton demeurent aujourd’hui la principale source d’accidents du travail mortels dans les travaux publics. Conscientes de cet enjeu de sécurité majeur, les différentes organisations concernées se sont saisies de cette problématique et l’OPPBTP a fait du risque de heurt engin-piéton l’une des thématiques de prévention prioritaires de son plan quinquennal stratégique @Horizon2025. Ainsi, les entreprises sont régulièrement sensibilisées par les organisations professionnelles du secteur et le réseau de préventeurs de l’OPPBTP. L’OPPBTP met également à disposition des professionnels une formation « Débrief Chantier » et un module de sensibilisation e-learning « D-Clic Prévention » y est consacré.
En parallèle de ces actions de sensibilisation, de nouvelles technologies ont vu le jour et contribuent à réduire le risque de heurt engin-piéton. L'intégration de caméras 360° élimine désormais les angles morts et de plus en plus de dispositifs d'aide à la conduite alertent les chauffeurs et les piétons d'une situation de danger immédiat. Ces technologies embarquées sont une première étape, mais demeurent insuffisantes puisqu’elles ne permettent pas d’éradiquer entièrement ce risque. Alors que des solutions de freinage automatique d’urgence, permettant de détecter les obstacles et d’éviter efficacement la collision, se généralisent dans des secteurs tels que l'automobile, celles-ci sont actuellement peu développées sur les engins de chantier.
Convaincus que le risque de heurt peut et doit être supprimé, Bouygues Construction, Charier, Colas, Eurovia, Eiffage, Eurovia, NGE, la SADE, Soletanche-Bachy, Vinci Construction Grands Projets, Kiloutou et Loxam, soutenus par la FNTP, la CNATP, DLR et l’OPPBTP se sont associés autour d’un projet commun : Stop Collision. Celui-ci vise à concentrer les efforts de la profession sur l’intégration de freinage automatique d’urgence sur les engins utilisés sur les chantiers. Ils souhaitent ainsi éliminer le risque d’écrasement sur les chantiers et garantir la sécurité des hommes et des femmes qui y circulent et travaillent à pied. Concrètement, ce travail en commun a plusieurs objectifs opérationnels :
✓ Inciter les constructeurs de matériels à prendre en compte l’élimination des heurts dans la conception des nouveaux engins, afin que se développe une offre répondant aux besoins de la profession ;
✓ Promouvoir l’utilisation par les différents acteurs de composants de sécurité normés, pour passer du stade des aides à la conduite au stade de systèmes de sécurité, et atteindre ainsi le risque zéro ;
✓ Démontrer la fiabilité des engins de chantier équipés de systèmes d’évitement des collisions, dans des conditions d’utilisation qui sont celles des chantiers du BTP ;
✓ Inciter les entreprises à acheter ou louer ces engins « safe by design », une fois que ces machines seront disponibles sur le marché.
Pour atteindre ces objectifs, les partenaires impliqués dans le projet Stop Collision ont établi un programme de travail détaillé. Une première phase, qui s’est déroulée jusqu’à fin 2023, a permis de produire différents livrables. Après une analyse de l’accidentologie permettant de déterminer les familles d’engins prioritaires, un état des lieux des avancées dans le domaine a été réalisé. Les partenaires ont également déterminé les attendus de la profession, en s’appuyant sur un cahier des charges basé sur des normes existantes, avec l’objectif d’aboutir à un consensus entre les différentes entreprises utilisatrices et ainsi orienter les futurs travaux des constructeurs. De plus, le cabinet d’ingénierie Expleo, spécialiste des systèmes avancés d’aide à la conduite, a réalisé un état de l’art des systèmes de freinage automatique d’urgence utilisés sur les véhicules routiers afin de recommander une architecture système des dispositifs pouvant être utilisés pour arrêter les différents mouvements des engins de chantiers. Par ailleurs, une enquête réalisée auprès des utilisateurs a montré un plébiscite des
systèmes d’évitement des collisions. En dernier lieu, les équipes des partenaires se sont penchées sur les aspects juridiques du projet, en déterminant les responsabilités des différents acteurs. L’ensemble de ces livrables est disponible sur le site stopcollision.com. Cette année, le projet entre dans une deuxième phase importante, qui s’appuie sur la mise en place de partenariats avec les constructeurs, les importateurs et leurs représentants, afin de mener des expérimentations et essais en 2024 et 2025 pour accélérer le développement de l’offre sur des
chantiers phares ou pour des familles d’engins spécifiques. Dans cette optique, des premiers travaux ont été engagés avec le SETVF (Syndicats des Entrepreneurs de Travaux de Voies Ferrées) ainsi qu’avec l’AFFR (Agence Française du Fraisage Routier). Le projet Stop Collision est également soutenu par la Société du Canal Seine-Nord Europe.